De la persécution au racisme ?
Lettre ouverte de Monsieur Arménag Aprahamian
à Monsieur Karen Aghekyan pour son roman fleuve sur les
Arméniens d’Arménie Occidentale
http://lenta.hayazg.info/archives/237
Le
samedi 17 décembre 2011, à l'occasion du septième
anniversaire de la constitution officielle du Conseil
National d'Arménie Occidentale
Monsieur,
J'ai lu avec attention votre article, et j'ai
constaté l’importance que vous accordez à la question
arménienne, à l’Arménie Occidentale et aux Arméniens
d’Arménie Occidentale, ceci est d’autant plus important que
cette question s’inscrit dans l’actualité politique
nationale et internationale comme je l’ai signifié au début
de l’année 2011 et qui est une des raisons fondamentales de
la constitution d’un gouvernement d’Arménie Occidentale.
Effectivement, nous devons prendre en compte une dimension
sociale face aux défis majeurs et vitaux pour la
reconstitution de notre peuple après l’application d’un plan
d’extermination et des dizaines d’années de servitudes au
sein des pays d’accueil qui ont alimentées le processus
d’assimilation donc de désintégration de notre peuple.
Cette dimension sociale, c'est-à-dire la question de la
désintégration et de l’assimilation dont vous êtes tout
autant victime que les autres membres est à prendre en
considération et s’est elle qui influence particulièrement
votre analyse puisque vous vous placez comme un regard
extérieur portant mêmes des jugements sur une volonté
politique de reconstituer un espace juridique viable pour
les Arméniens d’Arménie Occidentale, descendants des
victimes du génocide.
Le fait de se placer comme un regard extérieur sur la
réhabilitation politique et juridique de notre peuple a des
cotés objectifs et critiques intéressants, et j’en prends
note bien volontier, seulement l’aspect dénigrant du
travail des autres est d’un niveau plus que douteux qui
discrédite l’analyse qui méritait pourtant une attention
particulière.
Comme je le dis souvent, le travail déjà fait ne fait plus
peur, reste à essayer de se l’approprier en essayant de
nier l’existence de l’auteur ou d’éliminer toutes traces de
son existence.
C’est exactement ce dont les gouvernements successifs turcs
ont essayé de faire durant 117 ans, c'est-à-dire depuis le
déclenchement du plan d’extermination des Arméniens
d’Arménie Occidentale au Sassoun en novembre 1894.
Je constate qu’il est donc nécessaire de vous rappeler les
faits historiques qui font l’objet de rapports diplomatiques
de la part de la France, de l’Angleterre et de la Russie.
Ce sera en tant que victimes directes de l’application
d’un plan d’extermination que nous présentons nos requêtes.
Les gouvernements successifs turcs sous l’œil des
puissances, France, Angleterre et Russie ont pu en l’espace
de 29 ans n’ont seulement nous anéantir, c'est-à-dire
l’équivalent d’un lâchage de 10 bombes nucléaires avec
finition à la hache et au couteau sur notre
peuple, mais aussi s’approprier tous les biens matériels,
immatériels et notre espace de vie qui constituaient une
part extrêmement importante de notre expression
identitaire et de nos ressources génétiques.
Vos diatribes qui chercheraient à remettre en question
cette vérité historique tout en voulant culpabiliser les
descendants des victimes qui travaillent pour se
reconstituer et faire appliquer le droit international dont
ils sont les ayants-droits est une démarche qui se place
non pas en tant que regard extérieur cette fois-ci mais
plutôt en tant « qu’avocat du diable », rôle que vous jouez
à merveille, mais la forme et surtout le fond manque de
bases solides.
Je constate donc, plusieurs lacunes dans vos propos que je
vais vous présenter au fur et à mesure afin de vous aidez
dans votre début d’expertise.
Vous commencez votre analyse, en citant des articles de
notre déclaration constitutive en tant que Conseil National
Arménien, le 17 décembre 2004, déclaration que vous
attestez, aujourd’hui c’est donc à l’occasion de notre
septième anniversaire que je me fais le plaisir de vous
répondre.
Rappelant néanmoins l'article 1 de notre déclaration :
1. L'Arménie dite « turque » est
rebaptisée Arménie Occidentale (Hayrénik). L’Arménie
Occidentale (Hayrénik), aura un drapeau, des armoiries et un
hymne national.
Figurez-vous que nous avons même le droit d'appeler notre
patrie, comme nous l'entendons!
Ces articles qui vous paraissent « pompeux » ont pour
avantage de formaliser une volonté et des objectifs, de la
part de volontaires qui croient que la meilleure façon de
préserver notre existence est de constituer un système
d’Etat pour l’Arménie Occidentale et les Arméniens d’Arménie
Occidentale, relativement à notre histoire c’est ce qu’on
appelle la constitution d’un Etat national lorsque l’Etat
territorial est encore sous occupation.
Quand bien même le territoire est encore sous occupation,
ceci ne veut pas dire que les êtres humains qui en sont les
ayants-droits n’existent plus, enfin non seulement nous
existons mais aussi aujourd’hui nous nous exprimons, n’est ce
pas ?
Evidemment, il aurait été préférable pour les acteurs de
certaines puissances, que les Arméniens d’Arménie
Occidentale, restent figés dans un cadre post-génocidaire,
mendiant une reconnaissance d’un crime de génocide sur 100
ans voire, 200 ans, pourquoi pas...
Il se trouve que, cette configuration vol en éclat lorsque
les Arméniens d’Arménie occidentale revendiquent leur droit à
l’existence et l’application du droit international. C’est
cela qui vous a mis dans cet état de fait et que vous ne
supportez pas.
Il se trouve aussi que, nous refusons une situation qui
devrait accorder aux gouvernements turcs une prime
territoriale sur le génocide des Arméniens tel que le
propose la résolution politique sur la question arménienne
votée par le parlement européen le 18 juin 1987 qui selon
l’article 2 précise :
Art
2. est d'avis que les événements tragiques qui se sont
déroulés en 1915-1917 contre les Arméniens
établis
sur le territoire de l'Empire ottoman constituent un
génocide au sens de la convention pour la prévention et la
répression de crime de génocide, adoptée par l'Assemblée
générale de l'O.N.U. le 9 décembre 1948;
reconnaît cependant que la Turquie actuelle ne saurait être
tenue pour responsable du drame vécu par les Arméniens de
l'Empire ottoman et souligne avec force que la
reconnaissance de ces événements historiques en tant que
génocide ne peut donner lieu à aucune revendication d'ordre
politique, juridique ou matérielle à l'adresse de la Turquie
d'aujourd'hui .
Vous
pensez bien que votre seul avis ne peut suffire à nous faire
admettre une telle supercherie, vous sous-estimez là, notre
détermination.
S’il existe des droits de l’Homme, vous pensez que ces
droits seraient une utopie en ce qui concerne les Arméniens
d’Arménie Occidentale, en fait ils ne seraient valable
uniquement pour les autres, n’est ce pas ?
Lorsque vous parlez de gagnants, de vaincus, de forts et de
faibles vous sous-entendez que les Arméniens ont
véritablement eux la possibilité de défendre leur peau, dans
le cadre d’une véritable guerre, si cela est vrai alors vous
devriez pouvoir nous expliquer en profondeur, les raisons
politiques de ce désastre, de développer les facteurs
d’infiltration, de trahison, tout ce qu’il s’est produit et
de justifier les raisons de leur défaite, en tenant compte
du fait que cette guerre aurait durée 29 ans et que même
durant les périodes d’accalmie les populations arméniennes
ont fait l’objet de tortures, de massacres, de viols et de
destruction massive.
Mais là, nous n’avons aucun développement de votre part.
Rien ?
La question du droit international reconnue par une majorité
d’Etat c'est-à-dire par les nations dite libres est pour les Arméniens d’Arménie Occidentale un moyen de
réaffirmer leur droit à l’existence dans cet espace de vie,
dans un même cadre d’égalité devant les fondements d'un
fonctionnement international, c’est avant tout, cette
intervention d'Humanité qui a permit de lutter contre les
civilisations barbares, et qui vous donne aujourd’hui la
possibilité de vous exprimer avec autant de mépris des
autres, n’est ce pas ?
Vous ne manquez pas de culot lorsque vous prétendez « que
si nous avions perdu l’Artsakh … », nous c’est
qui, vous ? Mais avant de penser de perdre l’Artsakh
avec des "si", il faut
l’avoir libéré, et je ne me souviens pas vous avoir
rencontré sur place. Alors de qui parlez-vous, pour
dire nous ?
Dans
un autre cas, on peut que dire que la mythomanie serait
l’expression d’un mensonge comme oxygène de vie.
La mythomanie est une pathologie où les malades
éprouvent un besoin irrépressible de s'inventer une
vie pour fuir la leur. Le mythomane n'étant pas
capable de se rendre compte de sa condition, c'est à
l'entourage de tout faire pour l'aider. |
Après cette accolade, revenons à votre version des
évènements, lorsque vous précisez qu’il existerait plusieurs
documents officielles qui attesteraient des frontières de la
Turquie et de l’Arménie Occidentale (ou de l’Arménie),
serait-il possible de votre part de nous en fournir un
élément objectif et non pas une simple déclaration sans
fondement ?
Une simple déclaration de votre part ne nous suffit pas !
Comprenez que je veux vous aider à y voir plus clair.
En passant, dans vos recherches, même si l’exercice n’est
pas simple, n’hésitez pas aussi à nous confirmer l'acte de
constitution de l’Etat Turc (Turquie), il y aurait à ce sujet
beaucoup de polémiques ?
En fait, je me permets de constater lorsque vous parlez de
battage médiatique, que vous n’hésitez pas à l’utiliser
allégrement pour dénigrer, sans jamais rien proposer comme
solution vis-à-vis des Arméniens d’Arménie Occidentale,
enfin ceux qui se reconnaissent comme tels. Il semblerait
donc que vous ne vous n'en faites pas partie.
Donc,
nous nous trouvons dans le cadre du scénario suivant, une
personne ne se considérant pas faire partie d’un groupe de
personne, remettrait en cause l’existence de se groupe de
personne, c’est profond, ça ressemble à du racisme, et c’est tout à
fait l’équivalent de la réaction d’un diplomate turc au
Mécanisme d’expert des Peuples à l’ONU.
Non
contente de nier la réalité de ce génocide, l’État en cause
justifie sa position jusque dans l’enceinte de l’ONU
(intervention de la représentation turque au Mécanisme
d’Expert sur les droits des Peuples Autochtones, le 11 août
2009 à Genève.
«
La Turquie n'a pas de groupe à l'intérieur de ses
territoires qui relèvent de la portée des peuples
autochtones à laquelle la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones s'applique. »
Signifiant ainsi, qu'il ne peut y avoir de génocide contre
un peuple qui n'existe pas, effaçant ainsi le crime et son
objet, pour atteindre pleinement l'objectif génocidaire : ce
peuple ne doit plus exister... ce peuple n'existe pas... ce
peuple n'a jamais existé. Le révisionnisme achève le crime ;
il en constitue la seconde phase en effaçant un groupe
ethnique de l'histoire de l'humanité.
(Extrait de la PROPOSITION DE LOI du Sénat français, le 19
septembre 2005 : relative à l'incrimination pénale de la
contestation publique des crimes contre l'humanité).
Nous serions en pleine actualité négationniste, « qui
considèrerait notre existence donc nos droits, comme
inappropriée, pour ne pas dire plus », n'est ce pas ?
Au gré de vous décevoir, la réalité sera donc différente,
nous poursuivrons dans l’application de nos textes en
rappelant, s’il est nécessaire, que devant le sang versé,
devant la destruction massive de nos populations, devant la
douleur et la souffrance, la seule reconnaissance morale,
que vous le vouliez ou non, consiste à rendre les
territoires spoliés et appliquer notre droit à
l'indépendance.
(à
suivre)
Arménag
APRAHAMIAN
Président du Conseil nation d’Arménie Occidentale
Western Armenia News