Le 09
octobre , 2007
Politique
INTERVENTION DE M. HENRI LEROY
Maire de Mandelieu-La Napoule
Le 03.06.07
A l’occasion de de
cette manifestation d’inauguration du square
d’Arménie de Mandelieu la Napoule, permettez moi
de la dédier d’abord à tous les Arméniens de
Mandelieu la Napoule, du bassin cannois, de
France, et en ce jour de fête des mères, à
toutes les mamans françaises et arméniennes.
Enfin plus particulièrement à une
maman de trois enfants, trois fils à qui elle a consacré sa vie
entière, Célina Séropian, épouse Leroy, notre mère à toi Charles,
l’aîné, à toi Alain le « djudje » et à moi, votre serviteur. Sans
oublier Rosa, cher Alain ta maman qui m’est proche depuis plus de 14
ans.
Je voudrais aujourd’hui vous dire ou
vous rappeler, en tous les cas, ensemble vous remémorer, une page
d’histoire qu’il ne faut jamais oublier pour la transmettre de
génération en génération.
-
Par devoir
de mémoire,
-
Par
volonté citoyenne,
-
Par
respect de l’Humain,
-
Par
affection pour « Arménie mon amie ».
Mais avant de vous conter cette page,
je me plais à vous rappeler que notre ville, par son Conseil
Municipal, s’est associée à votre lutte pour la reconnaissance du
génocide.
C’est au printemps de 1915, alors que
les Grandes Puissances Européennes étaient entraînées dans une
guerre impitoyable, et ne pouvaient de ce fait déployer aucune
influence sur les autres pays, et notamment sur la Turquie, que le
gouvernement Turc en profita pour mettre à exécution un horrible
plan d’extermination du Peuple Arménien, considéré comme l’ennemi à
abattre.
Plan déjà entrepris en 1895 par
le Sultan Abdul Hamid II,
et qui n’allait cesser de s’amplifier, tout au long
de vingt longues années de haine contre le peuple arménien, leur
voisin.
Cette
politique de massacres et de déportations fut entreprise sans la
moindre provocation de la part des Arméniens.
Mais la
maxime du Sultan est à elle seule porteuse de cette géhenne : « Le
Génocide annoncé ».
Abdul
Hamid II
disait : « La seule façon de se débarrasser de la question
arménienne est de se débarrasser des Arméniens », cette incantation
au génocide allait soulever la vindicte turque,
une terrible flambée de
violence envers ce peuple Arménien innocent.
Puis ce
furent, ensuite Enver Pacha et Talaat Pacha qui prirent la relève et
mirent à exécution ce plan diabolique.
Le
peuple Arménien, à la suite de la guerre russo-turque et du Traité
de San Stefano, imposé aux Turcs par
les Russes, en mars
1878, avait senti l’espoir rejaillir au fond de leur cœur de se
libérer du joug Turc. Mais cet espoir fut de courte durée, car la
seule libération qu’ils connurent, fut celle de la mort.
L’article 16
de San Stefano ne fut jamais appliqué.
Sous
l’influence de l’Europe, un nouveau traité allait être signé à
Berlin en juin 1878. Malheureusement les clauses antérieures qui
rendaient la justice garante de l’application des réformes en
Arménie occidentale
allaient être abolies. (cf.art. 61 du Traité de Berlin).
Le
Sultan Abdul Hamid II comprit
alors qu’il pouvait continuer sans crainte à asservir et à massacrer
le peuple Arménien. Les massacres de 1895-1896 allaient faire cinq
cent mille victimes, première phase du génocide des
Arméniens.
Le
peuple Arménien, fatigué par les promesses jamais exécutées,
répétait de plus en plus ses doléances pour les exécutifs des
Grandes Nations Européennes, mais en vain.
C’est alors
qu’il créa deux comités révolutionnaires :
L’Hintchak
(la Cloche) et le Dashnagtsoutioun
(la Fédération)
Mais
le gouvernement Turc, affolé par l’ardeur déployée par ces deux
mouvements révolutionnaires, s’entoura de bataillons de Hamidiés
(constitués de brigands kurdes) auxquels on donna
tous les droits, de vie et de mort,
pour les soumettre entièrement.
Leur plan
était prêt, ils allaient anéantir entièrement les Arméniens en les
supprimant. Du même coup, les réformes n’auraient plus aucune raison
d’être, et tout rentrerait dans l’ordre définitivement par ces
mesures expéditives.
Dans toute
l’Arménie, les hommes furent emmenés et massacrés, tués, pendus,
égorgés ou crucifiés suivant l’humeur de ces barbares. Les femmes
furent violentées, enlevées, vendues dans les harems.
Pour tous
ces brigands, tuer est devenu une fête, leur drogue ! De véritables
orgies de tueries se répètent dans toute l’Arménie. Du haut des
minarets, les muezzins appellent les gens à l’égorgement. C’est la
curée.
Tout le pays
est transformé en véritable abattoir humain.
Nul ne sera
épargné, car les trois triumvirs : Talaat Pacha, Djemal et Enver
Pacha, se sont associés pour ordonner le plan d’extermination
complète de ce peuple rebelle arménien, qu’ils accusaient de s’être
allié aux Russes contre les Turcs.
Voici l’un
des derniers télégrammes envoyés par le Ministre Talaat à la
préfecture d’Alep :
« Il a été
précédemment communiqué que le gouvernement a décidé d’exterminer
complètement les Arméniens habitant en « Turquie ».
Ceux qui
s’opposeront à cet ordre ne pourront plus faire partie de
l’administration. Sans égard pour les femmes, les enfants, les
infirmes, quelques tragiques que puissent être les moyens
d’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il
faut mettre fin à leur existence.
Signé : Le
Ministre de l’Intérieur
Talaat
En
vous relatant ces évènements, je n’ai pas l’intention,
ni la prétention, de changer le cours de
l’histoire. J’ai
voulu, par une prise de paroles officielles, d’un élu de la
République Française, associer ma voix à toutes celles et à tous
ceux qui haut et fort demande au gouvernement Turc de reconnaître
officiellement le génocide perpétré sur le peuple Arménien.
J’ai voulu
aussi essayer de rechercher la vérité et le pourquoi des choses.
Mais peut-on comprendre ou définir la haine?
J’ai voulu
relire dans la Bible, l’histoire de l’Humanité et essayer de
comprendre ce qui motive toujours la cruauté des hommes : Dieu,
lassé par le comportement des hommes, les fit périr par le déluge.
Puis, Dieu a permis à l’Arche de Noé, de venir atterrir en Arménie
sur le <mont Ararat. Je crois alors, en référence à l’écriture
sainte, que l’on peu dire philosophiquement que le peuple Arménien
est le plus vieux peuple du monde !
Chacun de
nous pourra lui-même tirer sa propre conclusion !
Il est, je
pense inutile d’ajouter quoi que ce soit à ce texte monstrueux du
ministre de l’Intérieur Talaat, mais dire que ce triste communiqué
allait malheureusement être suivi à la lettre ; et ces pauvres
Arméniens sacrifiés sans pitié dans des conditions de barbarie et de
folie, qui nous laissent encore, avec le recul, pantelants d’effroi.
Pour quoi
une telle haine envers ce peuple innocent ?
Sans doute
parce que certains portent en eux le germe de la cruauté et du
malheur, et que ce virus est contagieux.
Que ceci
nous serve d’exemple pour les années à venir. Que les peuples
comprennent que la violence est contagieuse et n’engendre que la
destruction.
Soyons
optimistes, et formons des vœux envers notre belle jeunesse, qu’elle
soit saine et forte, et qu’elle apprenne à connaître la valeur
spirituelle du mot « Paix ».
La
souffrance et le désespoir sont comme l’amour, illimités, et les
cruelles empreintes restent gravées, chez les êtres jusqu’à
l’Éternité.
Je souhaite
de tout mon cœur, au peuple Arménien, qu’il vive heureux dans leur
nouvelle patrie d’adoption, quelle qu’elle soit et particulièrement
dans notre cher pays la France.
Et surtout
ici à Mandelieu la Napoule, le Neuilly du Bassin Cannois, perle de
la Côte d’Azur.
Vive
l’amitié, la fraternité FRANCO-ARMÉNIENNE
Vive la
France – Vive l’Arménie
Henri Leroy |